Troisième round et Francis Ngannou, bien positionné, décoche un crochet du gauche qui envoie un Tyson Fury en déséquilibre sur l’arrière-train. Francis Ngannou danse devant l’Anglais. C’est la sidération. Samedi soir à la Kingdom Arena de Riyad, en Arabie saoudite, le Camerounais a fait au moins jeu égal contre le champion de la discipline, et s’il a finalement perdu sur décision partagée, d’aucuns auraient pu prédire une issue aussi avantageuse pour celui qui officie d’ordinaire dans une cage de MMA. Mais le sport se fout bien de la logique.

Face à un Ngannou maîtrisant la distance, qu’il n’a jamais mis dans les cordes, Tyson Fury (dont le palmarès enregistre 34 victoires, dont 24 avant la limite pour 1 nul et 0 défaite) a semblé totalement éteint. Ce qui ne devait être qu’une partie de plaisir, voire une séance de sparring un peu musclée, s’est transformé en traquenard. Jusqu’à la dernière reprise, où l’Anglais, pour on ne sait quelle raison, ne lance aucune frappe ou presque. L’ancien champion du monde poids lourd Lennox Lewis, dans la salle avec d’autres légendes du sport, a donné la meilleure image possible du combat sur X : «Le lion ne peut pas laisser le requin venir dans la jungle et presque le battre. La cote de Ngannou est en hausse. Celle de Fury est en baisse avec une victoire sans éclat.»

«Champion du monde de tennis de table»

Fury, dont le prochain combat pour la réunification des ceintures contre l’Ukrainien Oleksandr Usyk est déjà annoncé pour la fin de l’année, a commenté : «C’est un boxeur d’enfer. Il est fort, gros puncheur, et bien meilleur techniquement qu’on pensait qu’il serait. Il m’a donné l’un de mes plus durs combats de ces dix dernières années. Ça fait partie de la boxe. Je ne sais pas si c’était serré ou pas, mais j’ai la victoire et c’est le principal.» Dans la soirée, Ngannou a allongé une autre beigne en postant sur ses réseaux la photo de Fury au sol, légendée «champion du monde de tennis de table». Si les juges ont décidé d’attribuer la victoire à l’Anglais, parce qu’il a plus touché son adversaire, c’est le Camerounais qui sort triomphant. Et la boxe, art que l’on dit sur le déclin, signe la vraie défaite de la soirée, par décision unanime.